top of page

Chapitre 1 :

 

Le reflet du miroir lui renvoyait la douce image d'un jeune homme à la beauté fatale.

Un visage gracieux, aux traits mi félins, mi féminins, un nez parfait et un sourire carnassier qui avait le don de ravir chacune de ses proies.

Et justement, l'une d'elles attendait avec impatience son retour dans le grand lit de la pièce d'à côté.

Il recoiffa sa crinière blonde d'un geste de la main sans quitter du regard les yeux de son double. Ce qu'ils étaient beaux ! Un bleu métallique. Un moyen de plus, s’il le fallait, d'accaparer l'attention. Un signe qu'il était particulier. Mais avant tout, son ultime arme de séduction.

Son regard se lassant de se défier lui-même, descendis petit à petit pour redécouvrir ce corps dont il connaissait pourtant la moindre parcelle. Ces épaules larges, ces pectoraux gonflés, sa perfection. C'était qui il était, son identité. C'était ce corps qui venait à l'esprit de beaucoup de femmes quand on prononçait le nom de John Swan.

 

C'était un de ses rituels. Avant chaque conquête, il s'admirait devant le miroir. Il ne connaissait pas de meilleur boost pour l’ego. Non pas qu'il ait besoin de retrouver une fierté perdue, mais sa propre estime était ce qu'il avait de plus précieux.

Plus précieux même que son incroyable fortune, sans laquelle il n'aurait pourtant jamais pu croiser cette fille un peu perdue dans ce gala de charité auquel il avait été convié, ni l'inviter dans un des plus somptueux hôtels de la capitale.

 

Avoir hérité d'assez d'argent pour vivre toute sa vie dans des conditions luxueuses sans le moindre effort avait fait naître en John Swan un sentiment de défi qui le poussait à vouloir réussir quelque chose sans l'aide de celui-ci. Avec une telle richesse, tout devenait simple. Il n'y avait plus de responsabilités. Soudoyer les administrations devenait aussi simple que de payer le coiffeur dès qu'on avait l'argent pour le faire. « Aussi simple que de payer une pute pour qu'elle écarte les jambes Â» se disait-il, en pensant faire là une remarque très pertinente et une critique farouche du pouvoir de l'argent. En vérité, il aurait été bien en mal de faire une analyse plus sérieuse de la corruption puisqu'il n'avait une idée que très flou de ce à quoi ressemblait de ne pas disposer de ce fameux pouvoir d'acheter tout ce qui est achetable, c'est à dire quasiment tout.

Mais comme il ne pensait aimer ni les prostitués ni le pouvoir de l'argent - même si il n'avait jamais essayé l'un, et n'avais jamais tenté de se passer de l'autre - il lui fallait ce fameux défi.

Il l'avait assez vite trouvé dans la séduction. Contrairement aux idées reçues, avoir beaucoup d'argent n'attire pas les filles. Elles ont tout de suite peur d'être prises pour des nanas qui couchent pour de l'argent (alors qu'il n'aurait de toute façon jamais donné un euro à aucune d'elle), ou alors se sentent trop mal à l'aise du choc culturel qui caractérisait la plupart des rencontres qu'il faisait.

Il aimait cette difficulté que venait lui apporter la richesse. Et il aimait se dire que sa fortune n'avait pas que des côtés positifs. Cela rendait la misère des autres plus facile à accepter.

Il avait donc trouvé dans la drague une façon d’exister en dehors de son portefeuille. Et le fait qu'il y excellait était la plus agréable des sensations.

 

Non, il n'était pas le plus futé des hommes, et si la magie était la preuve d'une sagesse ou d'une quelconque modestie, John aurait été le dernier à la posséder.

Or, aussi loin que les recherches permettent de le prouver, ce fut le premier magicien.

 

Il retourna dans la chambre. La proie était déjà toute prête à se faire dévorer. Il lui sauta dessus et …

 

Il était environ 4h du matin, et l'officier Harry roulait trois fois trop vite au volant de sa voiture. Il venait d'être appelé en urgence pour venir sur un lieu de ce qu'ils pensaient être une scène de crime. « Ils Â», c'était la brigade de nuit, une bande de bras cassés et de bleus qui servaient de bouches trous pour les horaires difficiles et les missions délicates.

Bordel, comment pouvaient-ils « penser Â» que ce soit une scène de crime ? Ça se remarque de loin un crime, non ? Il se voyait déjà se retrouver au milieu d'une querelle de famille pour savoir si la grand-mère a été assassinée ou si c'était un simple AVC. Ce n'est pas avec ce genre de broutille que sa réputation, sa « légende Â» (il adorait quand les médias utilisaient ce mot, mais lui-même n'aurait jamais osé l'utiliser, du moins en public) était née. Il avait arrêté des mafias locales, stoppé des tueurs en séries, tué des cartels de drogue entier. Et voilà que les nigauds de la brigade de nuit l’appelaient à 4h du mat pour ce qu'ils « pensaient Â» être un crime !

Des mois passés à leur confier des responsabilités, à leur apprendre à faire leur putain de boulot seuls, mais il fallait qu'ils le demandent, lui, ce soir-là, au milieu de la nuit !

 

En arrivant à l'endroit indiqué, l'officier Harry se retrouva devant un immense hôtel. Le genre d'hôtel que même avec son salaire pourtant élevé, il ne pouvait espérer s'offrir. Avec suspicion, il se dit que les agents de sécurités de ce genre d'endroit étaient assez bien payés pour prendre le risque de buter le premier clodo qui essayerait trop instamment de rentrer. Ce pouvait-il que ça soit cela ?

Il y avait dans le hall d'entrée une foule d'individus en costards cravate, qui gigotaient tous avec leur téléphone portable, et devant eux... des journalistes ?

Que pouvaient bien foutre des journalistes à cette heure-là ici ? Et pourquoi est-ce que ces putains de journalistes étaient là avant lui ?

Après tout, l'affaire n'était peut-être pas aussi insignifiante qu'il paraissait.

En se glissant discrètement parmi les journalistes, policiers, et hommes d'affaires, il arriva à monter jusqu'à l'étage qu'on lui avait indiqué lors de l'appel. Là, il retrouva la fameuse équipe qu'il n'avait cessé d'insulter dans son esprit durant tout le trajet. Le chef de la brigade le rejoint aussitôt. C'était un homme grand et maigre, avec les cheveux décoiffés et les cernes les plus longues que l'inspecteur Harry n'ai jamais vu. Pourquoi ce con là ne prenait-il jamais de vacances ? Voilà l'image qu'on donnait de la police, une bande de vampire incompétent ?

Dans un bâillement, son collègue lui fit le topo : « Jeune femme, 21 ans, on l'a retrouvé nue, avec des traces de brûlures sur tout le corps. D'après les premières autopsies, il s'agirait d'Hélène Granger, fille de Raymond Granger, propriétaire du groupe Granger. Â».

D'accord. Ça expliquait les journalistes, les hommes d'affaires, et aussi sa présence. Cela dépassait le simple meurtre, avec ce genre de personnalité, c'était quasiment une affaire d'Etat.
Hélène Granger était, en dehors de sa filiation avec Raymond Granger, une journaliste reconnue. Ces confrères, tels des chacals étaient venus profiter de sa mort pour essayer de vendre leur propre canard un peu mieux. Il connaissait déjà la Une de tous les journaux du lendemain.

Le bon côté dans tout cela, c'était que d'un seul coup d’œil, il avait su que l'affaire serait vite réglé. Le cadavre était là, il y avait des indices à foison et mieux que tout, le principal suspect, celui qui avait prévenu la police était aussi là. Tout cela serait réglé en quelques jours. Une affaire de plus à ajouter à la légende.

« Et... Monsieur Harry. Il faut préciser quelque chose. La victime elle... ses traces de brûlures sont inexpliquées. Et il n'y a aucun objet susceptible d'avoir provoqué celles-ci. C'est comme si c'était le corps de l'homme lui-même l'avait fait rôtir Â». Le chef de la brigade l'avait débité d'une traite, sur un ton hésitant, comme si il se sentait lui-même coupable de la difficulté que venait rajouter cet élément à l'affaire.

« ET C'EST QUE MAINTENANT QUE VOUS ME LE DITES ? BANDE DE BONS A RIEN ! QU'ON ME MONTRE LE CORPS TOUT DE SUITE ! Â». Le rugissement avait attiré tous les regards sur lui. L'homme de la brigade, lui, essayait tant bien que mal de ne pas trembler, mais rien n'y faisait. L'inspecteur Harry était vraiment un homme impressionnant.

A peine avait-il crié qu'un espace s'était libéré pour qu'il puisse observer au mieux la scène.

Effectivement, devant lui s'étalait la victime, une ravissante jeune brune dont le corps nu était recouverte de taches foncées, voir noircies où l'on reconnaissait la forme de main, de torse, d'enmbrassades, et même des traces de lèvres dans le cou. Autour d'elle, des bouts de couvertures eux aussi noircis avait été écartés. Il n'y avait pas de zone de départ de feu. La première chose qu'il lui vient à l'esprit fut de se dire que cela ressemblait aux traces qu'aurait fait un fer à repasser avec des embouts à forme humaine. A priori, cela n'avait aucun sens. Il fallait pourtant lui en trouver un. Peut-être des résultats d'analyses plus poussés pourraient lui en dire plus sur ce qui avait causé les brûlures.

Il sentait dans la pièce une odeur de chair calciné insupportable. Pourquoi est-ce que personne n'avait eu la présence d'esprit d'ouvrir la fenêtre ?

Tous ces incapables étaient tellement assujetti et incapable de prendre la moindre décision qu'ils ne pouvaient même pas ouvrir une putain de fenêtre !

Harry enrageait. Les cadavres, eux, le laissaient de marbre. Il en avait vu de nombreux, il avait eu maintes fois à les étudier de près, il ne le gênait plus. Ce n'était rien d'autre qu'un objet, un corps, une enveloppe ayant autrefois abrité la vie mais qui n'était plus rien que de bêtes pantins.

Non, l'inspecteur Harry ne détestait pas les cadavres. En revanche, il haïssait plus que tous les assassins. Ce n'était que des vermines. Des moins que rien, des déchets qui n'avait aucun mérite d’exister. Il n'y a rien qu'il l'obsédait plus qu'un meurtrier en liberté. Leur traque était sa raison de vivre, et rien ne le faisait plus fulminer que quand un juge libérait un de ces enfoirés sous couvert de leur remords. Bordel, évidemment qu'ils avaient des remords ! En regardant le corps, il imagina toutes les souffrances qu'avait pu ressentir cette jeune femme avant de succomber. A n'en pas trop douter, il l'avait aussi violé. Ce fils de chien serait en garde à vue quand il rentrerait au poste, et il allait se faire un plaisir de le cuisiner, de le démoraliser, de le détruire. Il n'y avait que ça qui marchait avec ce genre d'ordures, les casser de l'intérieur, les briser pour qu'ils n'aient plus une once de fierté. C'était tout ce qu'ils méritaient.

Il accroupit pour étudier le corps de la beauté qui s'étalait là. Si les corps n'avaient rien d'effrayant, il résidait en chacun d'eux un message. Chaque cadavre avait des secrets à révéler sur la personne défunte. Même la personne la plus normale cache des blessures, des marques qui laissent deviner des attitudes, des indices. Et ici, ce n'était pas ça qui manquait.

Les services de la morgue arrivaient déjà pour déplacer le cadavre. Délicatement, ils prirent le corps de la belle, et l’allongèrent sur la table qui irait directement dans le camion réfrigérant. Lui-même avait une femme. Pas aussi belle. Mais heureusement, un peu plus en vie. Une femme douce, la seule avec qui il arrivait à se détendre. La seule qui pouvait lui redonner foi en ce monde après les horreurs qu'il voyait tous les jours. Avec un pincement au cœur, il se dit que ce matin, quand elle se réveillerait, il ne serait pas encore rentré.

Mais encore une fois, elle lui pardonnerait. C'était une de ses qualités qui la rendait encore plus merveilleuse : elle excusait chacune de ses absences, ses soirées de travail où il ne savait pas à quelle heure il rentrerait, son stress, ou, comme aujourd'hui, d'être réveillée en plein milieu de la nuit pour une affaire.

 

 

Deux heures plus tard, Harry était dans une cabine du commissariat. Comme il était à la fois le seul témoin, celui qui avait prévenu la police, et aussi le principal suspect, l'officier allait devoir tour à tour devoir lui demander de raconter les faits, avoir le plus de renseignements possibles, puis de le réinterroger pour connaître son degré de culpabilité. Autant dire qu'ils allaient passer pas mal d'heures ensemble !

« Racontez-moi les faits. Racontez-moi tout depuis le début tout en restant concentré sur le sujet. N'essayez pas de me mentir je le saurai. N'essayez même pas de légèrement modifier le récit de ce qu'il s'est passé pour qu'il soit un peu plus en votre faveur parce que je le saurai aussi, et le tribunal également. Â». Son ton était calme, posé. Il avait délicatement allumé l'enregistreur sur la table, et poser à côté du jeune homme un gobelet en fer remplit d'eau.

John, sans pour autant être à l'aise, se sentait écouté et dans de bonnes dispositions pour raconter tout ce qu'il s'était passé. Il ne comptait pas mentir de toute façon. Il n'avait rien fait ! Cette fille devait avoir une maladie zarbi ou un truc du genre.

« J'ai rencontré cette fille à la soirée de gala de Greendance, elle était jolie, on a dansé, puis, après avoir bu quelques verres et discuté, on s'est bien plu enfin vous voyez quoi - l'inspecteur hocha de la tête - Et puis alors on a pris un taxi, on est allé à un de mes hôtels, on a à nouveau bu un coup, on a écouté de la musique, on s'est embrassé, et puis tout est allé très vite, c'était une fille vraiment très chaude et elle avait l'air d'avoir très envie alors je me suis pas fait prier, je suis juste allé dans la salle de bain, c'est ce que je fais à chaque fois, vous comprenez ? Et quand je suis revenu, elle était déjà, là, nue, prête à le faire. Alors je me suis jeté dessus et...

 

Il lui sauta dessus et …

L’embrassa sauvagement. On voyait dans ses yeux le désir qu'elle ressente. Elle le voulait. Il adorait cette sensation. Il était unique. On le voulait lui, son corps. A cet instant, la femme dans ses bras n'avait rien à voir avec son compte en banque. Mon dieu, ça faisait du bien !

Les caresses de la jeune fille étaient expertes, elle savait s'y prendre. En quelques instants, il était prêt à lui faire l'amour. Elle, en mourait d'envie.

Il entra en elle lentement. Elle commença à gémir immédiatement. Il sentit alors une chaleur naître au fond de lui. Une chaleur inhabituelle mais agréable. Avec un peu d'étonnement, il se dit que ce devait être un symptôme de l'amour, et que la jeune femme devant lui faisait décidément beaucoup d'effet. Il accélérera la cadence et les gémissements de la jeune fille redoublèrent.

Fier, il commença à aller plus profondément et de manière plus brutale. Dans ses bras, la fille commença à crier différemment. Elle avait l'air de prendre son pied ! Audacieux, il continua de manière plus brutale, en se collant tout contre elle. Elle hurlait maintenant ! Quel son mélodieux ! Elle avait l'air d'apprécier le coté sauvage, car elle se mit à lui frapper et griffer le dos, et même à essayer de lui mordre le cou. Cela ne l'étonna pas, c'était souvent le trip des jeunes femmes qui bossaient trop. Mais rien n'était aussi excitant qu'une femme qui oubliait tout ce qu'il y avait autour d'elle pour se concentrer sur son plaisir, une femme qui se laissait vraiment aller à tous ces instincts. Au bout de quelques minutes pourtant, les cris de sa cavalière s’arrêtèrent, et ses muscles se relâchèrent tous subitement. Elle s'était endormie ou quoi ? Ne voulant pas paraître pour un goujat, il se retira. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il aperçue les traces de cramé qui s'étalaient sur sa partenaire. Ce n'était pas possible. Il y a encore quelques minutes, elle était juste devant lui, intacte, immaculée ! Pire, les traces correspondaient parfaitement avec son corps à lui ! Et elle... il n'osait y penser. Ni même l'imaginer. En voyant comme dans un rêve ses doigts se poser sur le cou de la belle, il savait au fond de lui ce qu'il allait sentir. En l’occurrence ne pas sentir. Une larme tomba de ses yeux exorbités. Tout cela lui paraissait irréel. Toute l'ivresse dans laquelle s'était passé la soirée était descendue en une seconde. Il était là, seul, avec une femme qu'il avait peut être tué. Peut être tué ? Mais comment s'était arrivé ? Comment ? Il était perdu. Ce ne pouvait pas être possible. C'était un malentendu. Alors pourquoi sa main cherchait elle maintenant son téléphone ? Pourquoi ses doigts composaient ils le numéro des urgences ? Pourquoi de ses lèvres sortit le son sanglotant d'un désespéré demandant de l'aide ?

Il se mit dans un coin de la pièce, les bras entourant ses genoux, en position fÅ“tale. Les larmes coulaient le long de son torse. Il avait trop de pensées et aucune qui n'avait de sens. Juste les mots « Je l'ai tué Â». « Je l'ai tué Â».

 

L'inspecteur Harry l'avait écouté sans rien dire, mais non sans rien penser. Cet enfoiré pensait vraiment s'en sortir comme ça ? Il avait une centaine de questions qui trottaient dans son esprit. Il devait avoir la réponse de chacune d'elle. Il s'était retenu jusque-là car c'était le meilleur moyen d'avoir le maximum d'information. Mais il était évident que ce jeune bourge effrayé ne lui avait raconté qu'un ramassis de conneries. Ou au moins lui cachait-il des choses. Une fille ne meurt pas cramée comme ça, juste parce qu'on lui a fait l'amour. Pourtant, il jouait vraiment bien la comédie. Merde, avec un bon avocat, cette bouille de gentil garçon, et un portefeuille énorme, c'était le genre d'affaire où la justice ne sera jamais faite. Il fallait prouver sa culpabilité de manière indéniable.

Il sourit au jeune homme d'un air poli, comme si il était dans la confidence, et qu'il comprenait très bien où voulait en venir le jeune homme. Comme si, après tout, carboniser une fille, ce n'était pas si grave et que c'était le genre de chose qui arrivait. D'un air rassurant, il commença son questionnaire. A quelle heure l'avait-il vu ? A quelle heure l'avait-il ramené à l'hôtel ? Il y avait des témoins ? Quelque chose de suspicieux ? Se rappelait-il de toutes les choses qu'elle avait dites ce soir-là ? Est-ce qu'il pensait qu'elle avait pu être droguée ? Le tout, assez rapidement pour que son interlocuteur ne puisse pas inventer les réponses aussi vite qu’il les posait. Il tremblait. De peur ? Il gardait un air fébrile, et des larmes commençaient à suinter le bord de ses paupières. Des larmes de culpabilité ?

Malgré tout, il n'hésitait pas pour ses réponses, le salaud avait dû imaginer un scénario précis dans sa tête le temps du trajet. Harry n'avait pas réussis à prouver la moindre contradiction dans son discours. Pas le moindre point faible, sinon... Sinon qu'il y avait une putain de fille cramé qui s'était retrouvé dans son lit !

Bien, il avait finis de poser ses questions, il allait maintenant passer à la troisième phase. Et cela allait être bien moins plaisant. D'un ton sec, il lui demanda :

« - Est ce que cela vous ai déjà arrivé ?

- De quoi ?

Brûler une jeune femme au 4ème degré jusqu'à ce qu'elle décède ? Â»

John le regarda avec des yeux ronds. Il avait l'air totalement déboussolé par le changement de ton d’interrogatoire. Aucuns doutes, il s'était vraiment cru sauf. Il bafouilla :

 - « Bien sûr que non ! Je n'y suis pour rien ! Je ne sais pas pourquoi...

Harry le coupa :

Vous saviez de qui il s'agissait ? John hésita, comme si il n'était pas sur du sens de la question qu'on lui posait.

Elle s'appelle Hélène, enfin c'est ce qu'elle m'a dit.

S’appelait, corrigeât l'inspecteur sèchement.

Il enchaîna :

- Et avez-vous apprécié la faire brûler ?

Une lueur de détresse se lu dans les yeux du jeune homme. Il déglutit avec difficulté.

John su à ce moment que le policier n'avait jamais cru sa version, et que l'inspecteur était persuadé qu'il avait tué la fille intentionnellement. Comment s'était-il mis dans cette galère ? Pourquoi une journée qui avait si bien commencé avait-elle tournée si mal ? Pourquoi ne pouvait-il pas juste remonter le temps ? Tout ce qu'il pouvait faire pour l'instant, c'était répondre au question, en espérant qu'on trouve sur la fille les vrais raisons de sa mort et qu'il soit libéré le plus vite possible.

 - Non, répondit-il.

- Non, vous n'avez pas apprécié de le faire ? Vous ne niez donc plus de l'avoir fait ? Dis Harry plus violemment en se levant de sa chaise.

- Non, je ne l'ai pas tué ! S'obstina John. Mais pourquoi ce vieux fou ne voulait-il pas essayer de le comprendre ? Il faisait exprès ou quoi ?

Le vieux fou en question marchait lentement autour de la table, comme un dompteur qui mate un lion au milieu d'une cage. Il s'écria :

- Tu sais ce que je pense moi ! Je pense que tu es un petit enfoiré qui a adoré torturé à mort une jeune fille tout comme il adore se foutre de ma gueule ! Je pense que tu es un espèce de petit con qui se croient tout permis parce qu'il a hérité une fortune de papa-maman ! Mais crois-moi ici, ton putain d'argent n'a aucun pouvoir et je ferai tout mon possible pour que tu restes croupir le reste de tes jours en prison !

Il continua sur le même ton :

« La fille que tu as tué ce soir - John s'apprêta à rétorquer mais l'inspecteur ne lui laissa pas le temps -, c'était Hélène Granger !

John, qui n'était pas du genre à lire des journaux, n'avait aucune idée de qui pouvait bien être Hélène Granger, mais il comprit par le ton sur lequel avait dit cette information l'inspecteur le vrai sens de sa phrase : La fille morte, c'était une putain de célébrité, et ce n'est pas le genre d'affaire que l'on laissait sans coupable. La famille, les admirateurs voudraient trouver le responsable et le faire payer. Tous allaient vouloir sa tête,

- « Tu n'es qu'une saleté de tueur, un fou ! Tu auras beau le nier, tu ne me convaincras jamais, je sais que tu l’as tué. Je sais que tu as aimé faire ça ! Tu n'es qu'un moins que rien ! Une sale vermine ! Tu étais en manque de sensation, alors tu t'es dit que tuer une jeune femme ça serait amusant ? Tu pensais que de toute façon tu ne risquais rien, parce que tu n'as jamais rien eu à assumer dans ta vie de petit bourge ? Â»

Il continua ainsi, de plus en plus virulent, insultant, crachant, hurlant.

Ce n'était pas normal ! Il n'avait pas une grande idée de ce qui était normal ou pas, mais il était sûr qu'il ne méritait pas ça ! Le fait qu'il ait été dans la même pièce que cette fille inflammable était dû qu’au hasard ! On n’avait pas droit de l'accuser pour ça ! Un sentiment nouveau, une rage qu'il n'avait jamais connue s'empara de lui. Pour la première fois, il ressentait cette émotion que n'importe qui d'autre avait déjà ressentie bien plus jeune : l'injustice.

Sans qu'il ne le veuille, ses bras tremblaient déraisonnablement, sa mâchoire se serra, et une boule se forma au creux de sa gorge. Il attrapa le verre d'eau que lui avait amené l'inspecteur et enroula sa main autour. Au fond de lui, il savait que l'inspecteur voulait le pousser à bout, c'était ce qu'il attendait. Mais tant pis, il ne pouvait pas résister. Il se leva brutalement à son tour, lança le gobelet contre le mur et hurla :

  • « MAIS FERMEZ-LA ! Â».

D'un coup, il marcha vite vers la porte, l'ouvrit, et la claqua derrière lui. Il regarda autour de lui et trouva assez vite la sortie. A sa grande surprise, personne ne le poursuivi. Avait-il le droit de partir comme ça ? Il n'avait aucune connaissance de droit, mais cela lui paraissait étrange qu'un suspect puisse se lever et partir au milieu d'une garde à vue. Tant pis pour eux. S’ils le voulaient, ils n'auraient qu'à venir chez lui. Il n'avait pas à rester des heures cloîtré dans cette salle avec un taré qu'il l'accuse de meurtre !

Une fois dehors, il courut vers le parc le plus proche, et appela au plus vite son chauffeur pour qu'il vienne le chercher aussitôt. Il avait besoin de rentrer chez lui. De se reposer. D'essayer d'oublier tout cela. Il pensa pour se réconforter au doux lit qui l'attendait. Ou peut-être allait-il aller faire un petit tour dans le jacuzzi avant ? Oui, voilà, ça serait parfait.

En retrouvant son sourire, il se mit à rêvasser en attendant sa voiture.

 

Dans la cellule, l'inspecteur Harry avait vu avec étonnement l'accusé partir comme une furie. Il allait le retenir quand un détail attirât son attention. Il ne ratait jamais un détail et celui-là avait son importance. Il ramassa le gobelet de fer et le regarda attentivement. Il était fondu et avait maintenant la moulure des doigts du jeune homme. Merde ! Comment expliquer ça ? Son instinct d'inspecteur tournait à plein régime et le prévenait que cela n'avait rien de bon. Si ce gars-là avait un pouvoir qui pouvait faire fondre un gobelet de fer, il avait pu l'utiliser pour faire brûler sa victime. Mais comment prouver, s’il avait réellement cette capacité, qu'il l'avait fait volontairement ? Il n'avait pas envie que ce petit gosse de riche soit relaxé. Il était coupable. Il l'avait vu dans ces yeux. Il se trompait rarement pour ce genre de chose.

Après l'avoir longuement observé, il glissa le gobelet dans la poche de sa veste. Si personne ne le trouvait, le tribunal ne saurait jamais pour son pouvoir, et le condamnera car personne ne trouvera d'autres raisons pour laquelle Hélène Granger ai finie ainsi. Il détruira le gobelet dès qu'il serait rentré chez lui.

Pour l'instant, le coupable était libre, mais cela ne durerai pas. Il était persuadé que John était trop bête et attaché à son confort pour aller autre part que chez lui. Les policiers n'auraient qu'à le cueillir le moment venu.

L'inspecteur Harry était déterminé. Et rien dans le monde ne l'obsédait plus qu'un meurtrier en liberté.

Fin du chapître 1

Flables Mutantes

Johann Renegat

bottom of page